Selon une étude récente du GSMA, l’Association des opérateurs mobiles du GSM, près de 60 millions de personnes utilisent, déjà, le m-paiement, autrement appelé « paiement mobile ». Un chiffre croissant, et fortement concentré, géographiquement, sur les zones des pays en développement.
Explosion du m-paiement en Afrique. En juin 2011, 80 % des opérations financières étaient réalisées via mobile en Afrique de l’Est. Cette forte croissante et cet intérêt s’explique, notamment, par l’accessibilité des produits de téléphonie mobile : la technologie GSM est bien répandue et les prix, grâce au jeu de la concurrence entre les différents opérateurs, sont très abordables. Par ailleurs, si, en 2011, en Afrique, près d’un milliard de personnes ne disposaient pas d’un compte bancaire, près d’un Africain sur deux possédaient un téléphone portable. Et enfin, autre argument en faveur de cette technique, les Africains qui possèdent un compte sont soumis à des charges financières en cas de retrait de liquide et de transfert d’argent ; des frais, qui n’existent pas dans le cadre d’un paiement via mobile. Tous ces éléments contribuent et expliquent son exceptionnel taux de croissance sur ce continent.
Evolution des utilisations du m-paiement. En 2008, le paiement mobile était, presque uniquement, utilisé pour des transferts de crédit. Aujourd’hui, les utilisations changent pour s’orienter davantage vers du transfert P2P (27 % en 2011), du paiement en factures (5 %) et en vrac (1 %). Face à ces évolutions, des projets émergent sur le continent africain, prônant le développement des services du m-paiement. Par exemple, cela peut être le « paiement des impôts au Botswana, la micro assurance dans le secteur de la santé, [le] paiement d’actes médicaux en Afrique [ou encore le] paiement du salaire sur mobile à Madagascar », comme le précise Jean-Michel Huet, directeur associé chez Bearing Point.
Une utilisation qui reste très localisée. Le m-paiement est, majoritairement encore, utilisé à l’échelle locale, faisant le jeu des acteurs historiques. A l’image de Safaricom au Kenya qui bénéficie d’une croissance de 109 % sur la première période de 2011. Si le paiement sur mobile est « limité » géographiquement, c’est parce qu’il existe des « contraintes juridiques spécifiques à chaque pays, impliquant souvent un déploiement pays par pays et ralentissant la vitesse de déploiement », explique Jean-Michel Huet.
« L’Afrique demeure la principale zone de développement du mPaiement, à laquelle s’ajoute les Philippines, premier consommateur de SMS au monde, et le début du développement de ces services en Amérique du Sud ». Cette forme de paiement est très attractive pour les pays émergents dont la majorité de la population ne bénéficie pas d’ordinateurs fixes ou d’accès au système bancaire. Cet état de fait rend le téléphone portable, hautement indispensable et lui confère un statut de support privilégié au développement de nouveaux services comme le m-paiement. Si, actuellement, la popularité du système repose, essentiellement, sur des échanges financiers de personnes à personnes, son avenir s’oriente vers des transactions d’entreprises à particuliers (B2P) et de consommateurs à entreprise (C2B).