C’est aujourd’hui et pour la troisième fois que l’Autorité bancaire va rendre public l’état de santé de 91 établissements bancaires européens.
Des résultats particulièrement attendus en ces jours d’extrême tension dus à la crise de la dette en général et à la situation de la Grèce, en particulier, qui risque d’être en défaut de paiement. Ces preuves, les tests de résistance, ont pour but de d’apporter un diagnostic précis sur la solidité du système bancaire européen afin de voir si les banques sont assez capitalisées pour affronter des situations de crise sur la croissance, les marchés d’actions ou l’immobilier.
Ces tests seront-ils convaincants ?
On l’ignore encore mais le danger est bien réel, comme il l’était également un an plus tôt sans que la solidité du système ait parvenu à rassurer l’ensemble des acteurs du secteur. Comme les marchés mettent à mal les établissements bancaires européens et que nous traversons actuellement une très grave crise, des résultats négatifs auraient un impact terrible et rajouteraient encore plus de tension.
L’Institut de Finance Internationale (réunion de 400 établissements de crédit sur la planète) redoute que la volonté affirmée du superviseur à rendre publiques les expositions des établissements bancaires sur les dettes souveraines accentue en effet encore un peu plus les tensions.
Si les stress tests ne veulent imaginer, même partiellement, la probabilité d’un défaut d’une nation de l’UE alors que cette hypothèse là est clairement envisagée par quelques ministres européens de l’économie, les analystes n’hésiteront pas, quant à eux, à appliquer les décotes correspondantes dans leurs barèmes.
Les stress tests de cette année ont été élaborés pour compenser les critiques qu’ils avaient essuyé l’an passé. En 2010 en effet, leur crédibilité avait été mise à mal après que les établissements bancaires d’Irlande aient coulé, et ce, à peine quelques mois après avoir pourtant passer l’épreuve avec succès !
Voila pourquoi les « recalés » seront cette année sans doute plus nombreux qu’en juillet 2010 où sept établissements bancaires avaient été visés avec pourtant un manque de capital cumulé d’uniquement 3 milliards d’euros.
Pour toutes ces raisons, la tension est aujourd’hui à son comble. Et la confusion est généralisée pour les instances européennes de décision. En ce sens, plusieurs nations et établissements ont, plus ou moins directement, commencé à laisser filtrer des informations.
L’établissement régional allemand Helaba, quant à lui, a choisi de se dénoncer de son propre chef cette semaine. Et ce, en reprochant au passage à l’Autorité de ne pas avoir tenu compte de la participation silencieuse de 10% à son capital (qui n’est pas considère comme des fonds propres durs) possédée par le Land de Hesse.
Chez nos voisins ibères, deux caisses d’épargne suspectées de compter parmi les victimes des stress tests, n’ont pas hésité hier à affirmer qu’elles étaient parfaitement saines. Et ce, en ajoutant que leurs critères n’étaient pas identiques à ceux pris en compte au niveau de l’UE ! Conséquence directe : les autorités espagnoles ont bien entendu désapprouvé les méthodes de l’Autorité…
Cela dit et même s’ils avaient donc été globalement désapprouvés, on s’aperçoit que les résultats de l’an passé se révèlent utiles dans le temps. En effet et selon une enquête de Morgan Stanley, sur les 22 établissements bancaires cotés qui franchissaient le seuil décidé par le superviseur par une marge de 2,25%, 19 ont entre temps consolidé leur capital.
En ce sens, les analystes de Morgan et Stanley déclarent que « si l’Autorité exige un minimum de 5% de ratio de fonds propres, nous pensons que les investisseurs vont observer attentivement ceux qui passent avec une marge inférieure à 1% ».
Toutefois, l’exercice demeurera insuffisant pour rasséréner les marchés car il se concentre surtout sur la solvabilité des établissements bancaires à l’heure où les tensions s’intensifient sur le coût et la disponibilité des ressources que ceux-ci nécessitent de trouver sur le marché.
En effet, s’il règne aujourd’hui une grande méfiance, les marchés jugent d’abord l’état de santé des établissements bancaires via la qualité de la signature de leurs nations originelles. Concernant les institutions financières des pays limitrophes à l’Europe, l’accès aux capitaux devient de plus en plus cher et complexe. Et ceci est d’autant plus vrai lorsqu’une agence de notation décide de surcroît de diminuer la note souveraine d’un pays.