D’une part, les banques françaises sont pointées du doigt par deux agences de notation mettant en cause leurs conditions de financement. D’autre part, le régulateur européen (EBA) corrige à la baisse l’évaluation de leurs besoins de fonds propres. Le tout dans la même semaine. Qui a raison ? Qui a tort ? Nos banques sont-elles si vulnérables ?
Le 8 décembre, l’EBA (European Banking Authority) baisse de 8,8 milliards d’euros à 7,3 milliards d’euros l’augmentation des fonds propres exigée des banques françaises d’ici fin juin 2012. L’ACP (Autorité de Contrôle Prudentiel), le régulateur français, explique que cette exonération de 20% est justifiée par les « résultats positifs que les groupes bancaires ont continué à dégager au troisième trimestre ». Non seulement, les banques en ont profité pour d’ores et déjà renforcé leur capital, mais surtout elles ont entrepris des rachats de dette et de multiples actions pour réduire leurs coûts. En conséquence, le montant des réserves restant à constituer est déjà allégé de plusieurs centaines de millions d’euros.
Comparativement aux banques allemandes et italiennes pour lesquelles l’EBA a augmenté le besoin de recapitalisation, les établissements français parviennent à une meilleure posture.
Le tableau est cependant nettement moins flatteur du côté des agences de notation. Standard and Poor’s et Moody’s ont mis le doigt sur des problèmes de financement de nos établissements financiers.
Au sujet des trois grandes banques françaises cotées (BNP Paribas, Crédit Agricole, Société Générale), Moody’s remarque que leurs points forts (forte position sur le marché intérieur, bonne diversification, revenus stables) « sont désormais contrebalancés par des contraintes en matière de liquidité et de financement ». En effet, les banques françaises éprouvent de plus grandes difficultés à se financer en dollars depuis cet été, et sont acculées à réduire leurs besoins.
L’intervention de la BCE (Banque centrale européenne) est donc la bienvenue. A présent qu’elle s’engage à alimenter les banques sur des durées repoussées à 3 ans, contre une année seulement jusqu’à présent » il n’y a plus de problème de liquidité » remarque un analyste souhaitant conserver l’anonymat et qui, au passage, met en doute la pertinence des méthodes des agences.
Si les apports de liquidité par la BCE sont propices à rassurer les marchés, Jorge Mayo, analyste de Royal Bank of Scotland (RBS) remarque que « ce n’est pas comme cela que vous êtes censés financer vos activités ». En principe, les banques se financent elles-mêmes sur le marché, or elles n’y accèdent plus depuis plusieurs mois pour le financement à moyen et long terme.
S&P vient précisément de mettre en lumière la plus grande dépendance des banques françaises au financement à court terme, ce qui signifie une plus forte vulnérabilité si la crise s’intensifie.
Jorge Mayo modère cependant les annonces des agences car en cas de nouveau crash, les banques ont un matelas d’actifs faciles à céder qui pourra couvrir quelques temps leurs besoins. Aussi, le marché ne réagit pas plus aux communiqués des agences, en particulier de Moody’s car « ils ne font que se mettre à niveau par rapport aux autres agences ». Ainsi, au jour de la publication, les cours de BNP Paribas, Crédit Agricole étaient en hausse de plus de 4% et celui de la Société Générale inclinait légèrement à la baisse (-0,45%), autrement dit, ils n’ont pas manifesté grand-chose des publications des agences.