Compte épargne CO2, c’est du sérieux

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Le dossier de l’épargne bizarre s’est épaissi en cette fin d’année avec le lancement du compte épargne CO2. Oui CO2, pas oxygène. Mais pour une fois l’abominable dioxyde de carbone ne créera aucune sensation d’étouffement. Et où prospère cette charitable expérience ? Dans le Finistère bien sûr !

Décidément, depuis la nuit des temps, la fin des terres se prête à tous les types d’expériences. Cette fois-ci, la Bretagne abrite le fruit de l’alliance entre l’action contre le changement climatique, en général vecteur d’un discours prônant la décroissance, et l’esprit bancaire, en principe favorable à la croissance.

L’idée est d’inciter les particuliers, les entreprises et les collectivités à lutter contre le réchauffement climatique, devenu vérité indépassable, et donc à limiter leur émission de CO2, gaz désigné par le GIEC comme responsable d’un effet de serre nocif à la planète. Quoi de plus motivant qu’un compte épargne ?

C’est ce que vient de proposer la société 450 en partenariat avec le Crédit mutuel Arkéa aux pauvres gens des Cornouailles abreuvés du slogan : « Le CO2, quitte à le réduire autant que ça rapporte ! ».

Déposer des kilos de CO2 et retirer des sous, une nouvelle alchimie

Le compte Épargne CO2 est révolutionnaire en ce qu’il offre aux particuliers de se constituer une épargne, sans verser d’argent. En effet, le compte épargne de CO2 récompense les particuliers qui auront limité leurs émissions de carbone grâce à des installations spécifiques.

Les kilos de carbone économisés viendront s’inscrire sur le compte Épargne CO2 et seront retirés par l’épargnant sous forme d’offres commerciales auprès des partenaires de la société 450. Concrètement, ils bénéficient de réductions sur les billets de train, les tickets de bus, les places de spectacles ainsi que sur les frais de dossier d’un crédit à la consommation chez le Crédit mutuel de Bretagne. Valables 10 ans à partir de leur obtention, les kilos de CO2 épargnés forment aussi une monnaie d’échange au sens du protocole de Kyoto et les épargnants pourront les utiliser pour acquérir des biens et services sobres en CO2. Jean-Luc Barada, fondateur de la société 450 et père de cette expérimentation, compte sur l’élargissement rapide de ce cercle économique « bas carbone ».

Comment économiser du dioxyde de carbone ?

C’est la société 450, créatrice du concept, qui guide gratuitement les souscripteurs dans l’évaluation de leur consommation de dioxyde de carbone. Pour chacun, elle établit un bilan carbone à partir des relevés de consommation, du mode de transport habituel et de la qualité de l’isolation du logement. Puis, elle prend en compte les mesures mises en œuvre pour réduire la consommation carbone, telles que l’achat d’une voiture électrique ou d’une nouvelle chaudière. Le site donne des exemples concrets de gestes favorables à la réduction des émissions de CO2 en matière de logement ou de transport et les valeurs d’économie correspondante. Par exemple, remplacer une chaudière au fioul par une chaudière au bois correspond, selon l’inscription sur le site, à une économie de 5 000 kg de CO2 par an.

Pour le démarrage de ce nouveau produit d’épargne, circonscrit dans un premier temps au Finistère et relayé par les agences du Crédit mutuel Arkéa, la société 450 offre à chaque ouverture de compte un crédit de 400 kg de CO2.

Les souscriptions sont gratuites et se font exclusivement en ligne, sur le site compteepargneco2.com. Naturellement, ce compte carbone est présent sur tous les réseaux sociaux.

Le dispositif est ouvert aux entreprises et collectivités qui peuvent aussi gagner ces fameux crédits Kyoto CO2 dès lors qu’elles s’efforcent de réduire leurs émissions de CO2.

Loin de prêter à sourire, le compte épargne CO2 a reçu le soutien de Michel Rocard, d’ailleurs présent à la cérémonie de lancement le 25 novembre 2013. Ce nouveau produit d’épargne constitue très officiellement un projet de mise en œuvre conjointe de la convention cadre des Nations Unies sur le Changement Climatique. La tenue des comptes est placée sous le contrôle de l’ONU. La démarche militante affichée vise à peser en faveur de la ratification d’un nouvel accord international sur le climat. Toutefois, ce qui fait sa force fait également sa faiblesse puisque ce produit s’appuie sur une conviction écologique source d’une controverse aiguë entre scientifiques et de désaccords internes qui brouillent le message. Que pensez de l’exemplaire chauffage au bois lorsqu’il est en passe d’être interdit pour cause de rejet de particules fines dans l’atmosphère ?

Il n’empêche que l’idée socle d’un compte épargne contre du pouvoir d’achat, autrement dit l’entrée dans un réseau de partenaires, a du sens dans une économie en crise et promet de nombreuses répliques. C’est tout bonnement le principe du « club » et des comptes « fidélité » qui est revisité et appliqué à grande échelle.

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